Je suis frappée par les contrastes qui s’opérent entre les fouilles archéologiques d’un côté et les traveaux d’urbanisation et de réhabilitation de l’autre. En effet, si la ville se modernise et s’ouvre de plus en plus vers une contemporanéité, le fonctionalisme esthétisé de la modernité, et notamment en ce qui concerne les projets de transformation des ville, est destiné à construire des non-lieux, des lieux sans mémoires. Ce questionnement centré sur la modernité et sur l’avilissement et la transformation de la perception humaine est plus que jamais à l’ordre du jour, à l’heure où le rapport entre l’homme et son environnement est sujet à des changements forts.
M’interrogeant sur les systèmes de créations artistiques et les modes de vies que l’homme a érigé autour de lui, je travaille sur les notions d’enfermement et de limites: l’espace dans ses multiples infinis est ma matière première…
Je construis des architectures dans des architectures, sortes d’imbrications d’espaces, conçues comme des corps, comme des lieux d’expérience individuelle. Mon travail oscille entre la performance et l’installation. Mes oeuvres entretiennent un lien permanent avec la question du lieu. De la nature la plus chaotique jusqu’aux architectures les plus récentes marquées par une géométrie froide. Participatives, évolutives, éphéméres, fragiles, imposantes, discrétes, mes installations semblent se maintenir parfois dans un équilibre douteux. Fidèles à des matériaux tels que le nylon, le film plastique (bâche), le tissu, les fils en tout genres, lycra, cordes et autres, autant de structures, de formes, qui matérialisent la trajectoire des ondes. Exploitant les qualités intrinsèques d’un lieu, les étirant, les suspendant. Ces masses élastiques, lâchées ici ou là, confrontent leurs repos et les contradictions de leurs formes.
Mes oeuvres sont à parcourir, à traverser. Les perceptions, optique, sonore, phénoménologique y tiennent un rôle majeur, mais les projections mentales du spectateur stimulent des associations suggestives entre l’esprit et le corps, et ce, par le biais de matières naturelles telles que des os, des branches, des pierres et autres symbole d’une mémoire collective, archaîque. J’envisage mes oeuvres comme des révélateurs de mémoire. La société est confrontée au besoin grandissant de l’individu de s’exposer, d’offrir son intimité au regard de tous. Je tend à me rapprocher, sans trop en faire, de l’essence de la vie, en plongeant même au coeur de la mythologie de tout les jours: celles des craintes et des plaisirs, des pulsions et des névroses, des habitudes et des rengaines.
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